Une nuit éphémère
mars 30, 2017 Histoires Erotiques
La nuit tombe doucement sur le Val de Loire et j’aide à allumer les dernières bougies qui longent l’allée du parc. Une douce lumière s’échappe des fenêtres du château . Un lieu parfait pour une soirée éphémère. Dans le plus total anonymat, des hommes et des femmes vont se retrouver durant quelques heures dans un écrin de velours tamisé dominé par la luxure. Loin des clubs libertins devenus trop à la mode, envahis par les curieux, des touristes hésitants à franchir le pas et pollués par d’éternels pervers en mal de sexe ; les hédonistes se sont enfuis. Plus ou moins élitistes, ils sont artistes, chefs d’entreprise, notables ou trop connus, les amoureux des plaisirs raffinés, une bourgeoisie butineuse… C’est mon travail, j’organise des soirées pour cette clientèle de standing, un carnet d’adresses hautement confidentielles à la recherche d’endroits pour laisser libre cours à toutes leurs pratiques sexuelles. Masque de rigueur.
La voiture roule silencieusement dans la propriété. Je suis invitée à une soirée dont je ne sais pratiquement rien. Un couple d’amis m’a proposé de les accompagner pour un moment « d’intense sensualité ». Depuis longtemps, le libertinage me tente, mais ce que j’ai pu voir ou entendre sur les clubs libertins ne correspond pas à ce que j’attends de ce genre de moment. Peut-être mon côté artiste. Quand mes amis m’ont proposé cette soirée privée très sélecte, j’ai dit « pourquoi pas », même si je ne fais rien, ce sera une bonne occasion de me mettre en confiance avec ce nouvel univers. Le dress-code est très stricte, le décolleté doit être mis en valeur, jupe ou robe courte, bas et talons. J’ai opté, pour ma part, pour un tailleur noir avec un chemisier blanc très léger laissant voir en transparence la dentelle de mon soutien-gorge, avec une jupe très courte qui dévoile facilement le haut de mes bas. Le reste sera une surprise pour celui qui me mettra en confiance. J’oublie le plus important, l’anonymat. Ce soir, je serais juste Hélène, rien de plus pour être une autre, et j’ai prévu un loup vénitien obligatoire pour tous les invités.
Un dernier tour dans les cuisines pour vérifier les tenues des serveurs avec un briefing rapide sur le comportement à avoir avec les invités. Dans le salon, le DJ se fait plaisir en diffusant Bury the evidence de Tricky. Je viens m’imprégner de l’atmosphère, les trois danseuses sont déjà en train d’onduler sur les basses profondes de la musique. Le mobilier style XVIIIe, le velours des sièges, l’éclairage tamisé pour l’occasion, les multiples recoins pour faire connaissance en toute discrétion ainsi que les chambres préparées à l’étage, tout est prêt pour accueillir les premiers invités. Je resterais toute la soirée pour veiller sur chacun d’eux et faire de ce moment un souvenir inoubliable. Paradoxalement, ils n’auront qu’un seul souhait : que chaque participant oublie ce qu’il verra ce soir. J’ajuste mon costume dans le miroir, pas trop chic pour être discret et suffisamment pour être dans l’esprit du moment. Les phares des véhicules s’avancent dans l’allée du parc. Mon visage disparait derrière mon masque blanc.
La curiosité s’empare de moi, entre trac et excitation, je regarde la voiture qui précède s’arrêter devant le perron du château. Un couple en descend, difficile de leur donner un âge, le dress-code est respecté, ils portent leurs masques vénitiens, je me dépêche d’enfiler le mien. Je prends le visage d’une chatte, sage, mais féline. La portière s’ouvre, un voiturier m’aide à descendre. Je rejoins mes amis sur les marches. Notre carton d’invitation nous a permis d’arriver jusque-là. Un homme nous accueille, il porte un masque blanc. Je ne vois que ses lèvres et un sourire qui me plait. Au moment où je pénètre dans le salon, je reconnais la voix de Goldfrapp avec Let it take you, comme si le DJ enveloppait mon arrivée dans ce magnifique papier cadeau musical. Il y a déjà cinq couples et trois jeunes femmes qui dansent. Quelques regards se tournent vers nous, je vois deux femmes en train de discuter qui hochent la tête en me souriant. Un serveur me propose une coupe de champagne, un sourire charmeur se dessine sous son masque. Je m’installe dans un canapé confortable avec mes amis, nous trinquons à cette soirée.
Tous les invités sont arrivés depuis un moment, une trentaine de personnes et tout se déroule sans accrocs. Après quelques bouteilles de champagne et des présentations anonymes, les affinités commencent à se révéler. Deux couples d’habitués se sont retrouvés et sont déjà montés à l’étage. Près de la fenêtre, je vois deux femmes en train de s’embrasser. Elles s’enlacent, leurs mains ne sont que caresses sensuelles, le tissu se froisse au rythme des mouvements qui les unit. Deux hommes qui doivent être leurs maris les regardent faire. Un peu plus loin sur un fauteuil, une femme fait une fellation, l’homme ravi à l’air de complètement s’abandonner. Au milieu de la pièce, une des danseuses est allongée sur le dos, elle est à moitié nue, un homme s’amuse à faire couler du champagne sur son ventre et sa poitrine pendant qu’un autre essaie de récupérer le nectar sur la peau de la belle qui rit aux éclats. Tout le monde semble s’amuser si ce n’est une femme seule assise sur un canapé dans un coin de la pièce. Elle porte un masque de chat et elle semble absorbée par les deux femmes qui s’embrassent près de la fenêtre.
Une heure est passée et le spectacle qui s’offre à moi dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer. En même temps, il y a tellement de respect, voir autant de consentement me sidère ; je me trouve coincée subitement. Deux couples sont déjà venus me proposer de partager des moments plus intimes, mais j’ai décliné, me contentant d’observer cette orgie aux premières loges. D’ailleurs, je suis complètement hypnotisée par ces deux femmes en train de s’embrasser et de se caresser. Je suis terriblement excitée par leur sensualité et je meurs d’envie de les rejoindre. La chaleur m’envahit et je passe ma main sur le haut de ma poitrine. Un désir irrésistible monte en moi à force de les regarder. Je vois leurs mains aller et venir sur leurs corps, tantôt disparaissant sous une jupe, tantôt se perdant dans une longue chevelure détachée. Je mime leurs gestes pour éprouver le même plaisir et je me surprends à me caresser seule. Une vague de plaisir traverse mon corps alors que ma main se perd entre mes cuisses. Soudain, je sens une présence près de moi. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là, je reconnais l’homme qui nous a accueillis à notre arrivée. Il est assis là, sur l’accoudoir du canapé avec deux coupes de champagne. Il me tend l’une d’elle en souriant.
Je m’approche d’elle discrètement avec deux coupes de champagne pour lui tenir compagnie. Je vais pour m’adresser à elle, mais je me rends compte qu’elle n’est pas si seule. Je la vois se caresser au rythme de ce couple lesbien. À son insu, je profite de ce spectacle terriblement érotique. Ces cuisses qui s’écartent doucement au passage de ces doigts, voir le tissu de sa jupe remonter et dévoiler le haut de ses bas. Deviner sa poitrine délicatement enserrée dans la dentelle de ses dessous. J’attends le moment où elle va la caresser pour mieux découvrir ses courbes que je trouve de plus en plus délicieuses. Moi qui reste habituellement éloigné de tout ce qui m’entoure pour être le plus professionnel possible, je n’arrive plus à me détacher d’elle. Quand ses lèvres s’entrouvrent, mon coeur se met à battre et une tension sexuelle envahit tout mon corps. Sans le savoir, nous formons un quatuor virtuel, liés les uns aux autres par notre désir sexuel irrépressible. Troublé, je fais tinter les coupes de champagne entre elles sans faire attention. Pris sur le fait, maladroitement, je lui tends une coupe en souriant.
Je repasse le film dans ma tête de tout ce que je viens de faire et de tout ce qu’il a pu me voir faire. Le masque et la pénombre dissimulent mes joues en train de rosir. Je noie ma gêne en buvant d’une traite le champagne qu’il vient de m’offrir. Amusé, il me débarrasse de mon verre et me tend la main pour m’inviter à me lever. Sans poser de question, je le suis en confiance. Je me mets à rougir en voyant que nous nous approchons du couple de femmes qui m’a tant absorbée. Les deux hommes qui les accompagnaient sont partis en compagnie des deux danseuses. Mon guide pose délicatement la main sur l’épaule de l’une des femmes. Sans un mot, les regards s’échangent, les sourires acquiescent, et avant même que je comprenne ce qu’il se passe, nous suivons l’homme au masque blanc dans les escaliers qui mènent à l’étage. Alors que la musique s’estompe, j’entends les gémissements de plaisir s’échapper des chambres closes. À l’invitation de notre hôte, nous pénétrons dans une chambre magnifique avec un immense lit à baldaquin. L’homme au masque blanc reste à la porte, il nous regarde…
À peine rentré dans la chambre, le couple de femmes se retrouve en sous-vêtements, bas et talons. Hésitante, celle qui porte le masque de chat voit deux assistantes très attentionnées s’occuper de la débarrasser de son tailleur et de sa jupe. Son corps est superbe et les deux femmes n’oublient aucun endroit de son corps pour la couvrir de caresses. J’admire sa poitrine dans ce magnifique soutien-gorge coordonné à son string et porte-jarretelle. Alors que des baisers commencent à être échangés, elle me lance un regard insistant, entre panique et abandon. Je vais pour partir et refermer la porte quand l’une des femmes me retient. La porte se ferme, un ballet à quatre mains fait disparaitre mes vêtements. Durant plusieurs heures nos corps se mélangent, sans savoir qui fait quoi, nous nous abandonnons totalement à tous les plaisirs qui s’offrent à nous. De jouissances en orgasmes, les étreintes se succèdent. Le lit devient notre écrin, la chambre notre coffre aux trésors et le château, notre royaume pour une nuit.
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